jeudi 26 février 2015

De l'influence du lancer de minibar sur l'engagement humanitaire




De l'influence du lancement de minibar sur l'engagement humanitaire de Marc Salbert aux éditions Le Dilettante




Arthur Berthier est critique rock dans un journal. Envoyé à Cannes avec son ami et photographe attitré, Hassan, il en revient avec une note de frais particulièrement salée. Lors d'un concert il fait la connaissance de DJ Jannicke, une jeune norvégienne au tempérament de feu. Ils se précipitent dans sa chambre d'hôtel, où sous l'influence de l'alcool, de pilules diverses et variées et d'herbe (que du  bio), Arthur est victime d'hallucinations. Ils saccage sa chambre d'hôtel, et lance le minibar par la fenêtre, endommageant une voiture qui se trouvait malencontreusement sous le balcon. Convoqué par Parker, en charge du redressement financier du journal, il est sanctionné. Son salaire sera ponctionné et il est rétrogradé aux informations générales en compagnie de son acolyte.


   "-Vous avez réponse à tout monsieur Berthier.
    - C'est la base de l'activité journalistique monsieur, vous avez les questions , j'ai les réponses.
    - Et la base de mon activité est de sanctionner les comportements qui ont mené ce journal au bord du gouffre. Sachez monsieur Berthier que ces 10 000 euros seront intégralement ponctionnés sur votre salaire  et qu'à partir de lundi, vous serez reversé au service infos génés en attendant que l'on statue sur votre cas. La conférence de rédaction a lieu à 8H30, tâchez de vous en souvenir."


   Dure sanction pour ce noctambule que de devoir se lever le matin pour assister aux réunions de la rédaction. On lui demande d'écrire un article sur un campement de réfugiés Afghans installé dans un square parisien. A peine arrivé sur les lieux, le campement subit l'assaut d'une compagnie de CRS durant lequel Arthur est matraqué. Il se retrouve à l'hôpital et c'est à partir de ce moment que sa vie va basculer. La machine médiatique s'emballe. Le journal s'empare de l'affaire, dénonçant une atteinte à la liberté de la presse. Arthur se retrouve au centre de cet emballement médiatique et devient bien malgré lui l'image même de la lutte contre l'État policier et le fer de lance de la défense des sans-papiers, allant même malgré ses réticences jusqu'à héberger un réfugié Afghan.


   Ce roman est une satire de l'emballement médiatique si courant de nos jours. Comment un fait, certes grave, mais finalement assez banal se retrouve en première page et suscite une frénésie aussi intense qu'éphémère. Arthur, adolescent  quadragénaire,  qui n'est pas sans rappeler Philippe Maneuvre, vivant dans un gourbi où les seuls objets de valeur sont liés à sa passion pour le rock, voit sa vie changer par le traitement que la presse fait de l'incident dont il a été la victime. Un roman plein de verve, au style jubilatoire. On y rencontre des personnages hauts en couleur : l'ex femme d'Arthur, par exemple,  tient une agence qui fournit de "vrais gens"pour les émissions de téléréalité. On sent le plaisir qu'a pris l'auteur à écrire ce livre et nous le partageons. Ce roman est aussi un hommage au rock, il est ponctué de titres de chansons, de noms de groupes qui ont fait les belles heures de ce genre musical. A lire, le casque sur les oreilles en écoutant Led Zeppelin, The Clash... En bref un roman qui fait du bien.


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