vendredi 21 août 2015

Le banc



Le banc de Patricia Oszvald (Théâtre)  aux Editions du Net



  Un banc. Quoi de plus anodin qu'un banc. On passe devant sans le remarquer.  Pourtant un banc c'est quelque chose d'important quand on y regarde de plus près. C'est un lieu de repos, c'est le refuge des amours débutantes chères à Georges Brassens. Un banc c'est un lieu de rencontre. Un leu de vie pour les SDF, les clodos. Ceux-là non plus on ne les voit plus, ou plutôt on les ignore.

   C'est donc un banc banal qui est le lieu de rencontre entre Michel grand habitué de la rue et Maximilien, jeune homme qui vient de tout perdre.

   "Il est de bois. Il est dehors. Il est public. Il est la résidence principale de Michel, SDF de longue date. Il est le lieu d'accueil de Maximilien qui vient de tout perdre. Il est surtout, sous le regard des passants indifférents, le trait d'union entre Maximilien et Michel. Et quand le hasard se veut metteur en scène d'heureuses rencontres, c'est toute l'humanité qui se retrouve sur un banc."

  Michel  compte tout, on le surnomme le boulier, c'est ainsi qu'il délimite le temps, qu'il donne un cadre à sa vie. Pour lui, la moindre chose à de l'importance. Il regarde tout, note tout avec les yeux d'un poète. Il a le temps. Maximilien, lui, est désespéré. Assis sur ce banc, il entame la conversation avec Michel le nez sur ses chaussures. Il ne voit plus rien que son malheur personnel. Il faut dire qu'il n'a jamais pris le temps, toujours à courir pour ses affaires, à passer à côté de sa vie.

  Au fil de la conversation, Michel va lui expliquer sa philosophie de la vie. Michel touché par la détresse de Maximilien, le fait entrer dans son univers : le monde de la rue. Il lui en montre la poésie et la dureté, ses petits bonheurs et ses drames. Ces petits riens (Rhien c'est d'ailleurs le nom de Michel) qui transforment l'existence en vie.

  Le banc est un long dialogue plein d'humanité. Michel montre ce que l'homme a perdu en courant après la réussite, après l'argent. Il faut savoir prendre le temps de vivre, une notion que beaucoup d'entre nous a perdu. Un dialogue plein de vérité et de poésie.

   "C'est ça, le problème du monde ; les gens regardent et ils ne voient pas ! Comme y a ceux qui écoutent et qui n'entendent pas ! Alors quand on cumule les deux, pensez bien qu'avec ça, la Terre perd la boule ! Puis, y a pas que ça ! Au cinéma, on rêve peut-être pendant deux heures et c'est tant mieux, mais moi je vais vous dire un truc : depuis mon banc, vous voyez juste là entre les deux arbres, quand le soleil se lève le matin et colorie le ciel en rose violet et qu'y a les oiseaux qui me chantent une symphonie, j'ai l'impression  que le vie recommence, voyez ? Quand c'est le printemps, y a les crocus qui sortent de terre ; ils nous en ont mis tout du long de l'allée centrale ; on dirait un tableau de Monet ! Vous vous rendez compteur peu ; j'ai pas un sou dans les poches, d'ailleurs c'est pas compliqué, mes poches sont tellement usées qu'y a plus de fond, c'est dire si j'ai rien du tout ! Eh ben, le Michel qui est devant vous ; il a un Monet grandeur nature tous les jours et rien que pour lui."




  

3 commentaires:

  1. émouvant, j'avais déjà été intriguée par ce titre, merci pour la chronique !

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  2. Magnifique présentation d'un essentiel qui nous échappe malheureusement si souvent.

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  3. Je viens de le prendre. Bientôt sur ma pile à lire sur mon bureau...

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