samedi 13 juin 2015

Le double des corps



Le double des corps de Juliette Bouchet aux éditions Robert Laffont



    "Six mois, trois semaines, douze jours, vingt et une heures et trente quatre minutes d'abstinence."

     Voilà ce qui taraude le belle Julia. La trentaine superbe, elle rêve de la rencontre, de l'amour, mais surtout elle rêve de sexe, de plaisir, elle veut jouir comme un homme.

   "Je suis dans l'impasse. La solution pour éviter un retour sur le divan de mon psy est d'essayer une baise sans lendemain. Pour voir. Qui sait."

   Julia va multiplier les rencontres, les aventures. Elle nous les raconte sans tabou. Mais que cherche-t-elle dans cette course effrénée ? L'amour, le plaisir sans lendemain, immédiat ? La vie de couple, elle n'y croit plus.

    "Pour moi, le couple, c'est de la bombe atomique. Limpide. Enfin ça devrait. Sauf qu'on est tous pourris par nos égoïsmes sournois. D'odieux fornicateurs dodus, faux-culs inconstants. Voilà ce qu'on devient, à force d'exiger le meilleur de chacun, en offrant le pire de nous-mêmes."

   La multiplication des aventures, la fuite en avant de Juliette, les déceptions, vont lui faire perdre tout contact avec la réalité et la faire sombrer dans la folie meurtrière. Pour échapper à la police, elle se rend chez un vieil ami transformiste qui va l'aider à modifier son apparence. Elle va finalement devoir quitter la France.

  Dans ce roman délicieusement transgressif, flirtant allègrement avec le "trash". Juliette Bouchet nous parle de sexe, d'égalité face au sexe. Pourquoi les hommes et les femmes ne pourraient-ils pas aimer de la même façon ? Pourquoi un homme multipliant les conquêtes apparaît-il comme un Don Juan alors q'une femme est méprisée, traitée de "salope" si elle agit de même? Elle nous parle aussi de le complexité de l'identité sexuelle. Ce roman plein de souffle, porté par une plume acide, crue, inventive,  mais aussi poétique, se lit d'une traite tant le rythme y est soutenu. Ce qui m'a manqué dans ce roman pour qu'il soit un coup de coeur c'est un brin d'émotion mais là n'était pas le propos. Le double des corps est un excellent premier roman. J'y ai découvert une plume prometteuse que je vais suivre avec intérêt.

 "Gilles a développé sa maladie suite à un choc affectif. Pour une raison inexplicable, il a inversé le syndrome. Au lieu de lancer des insultes à tort et à travers, il crache des mots d'amour, débite des promesses de bonheur éternel, assène des douceurs que les femmes n'osent plus écouter. Autre éventualité, le syndrome a muté. Qu'y-a-t-il de plus commun aujourd'hui que la vulgarité ? La vraie transgression, c'est d'aimer à coeur ouvert. La pire des insanités est d'espérer. Heureusement pour moi, je suis à l'abri de la moindre particule d'espoir. Je suis donc efficace puisque désensibilisée."


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