mercredi 8 avril 2015

Comment Thomas Leclerc 10 ans 3 mois et quatre jours est devenu Tom l'Éclair et a sauvé le monde




Comment Thomas Leclerc 10 ans 3 mois  et quatre jours est devenu Tom l'Éclair et a sauvé le monde de Paul Vacca aux éditions Belfond



   Ce 14 octobre 1968, la journée avait pourtant commencé comme d'habitude. Le même train train quotidien réglé comme du papier à musique,  orchestré avec précision par Pauline, la maman de Tom, chef d'orchestre à la rigueur helvétique. Tout était bien en ordre. Pourtant ce jour allait être pour ce jeune garçon de 10 ans, 3 mois, et quatre jours, le jour de la révélation. Ce jour là, ce petit garçon solitaire, presque muet, plongé dans son monde intérieur, allait devenir par un concours de circonstances plus qu'heureux le buteur providentiel de son équipe de foot en cours de sport. Suite à cet événement et à sa victoire dans sa course contre le bus scolaire, un constat s'impose à lui. Il n'est pas Thomas Leclerc, il est Tom l'Éclair. Ses dons ne se limitent finalement pas aux mathématiques.  Cette prise de conscience s'approfondit le jour où, alors qu'il est dans la salle d'attente de son médecin, entendant sa mère  chuchoter avec celui-ci sur son cas, il découvre les super héros dans un magazine de bande dessinée oublié par un petit patient. Tout est clair, Tom est comme eux , il est investi d'une mission : sauver le monde.


  Tom, bien que cela ne soit jamais clairement dit, car ses parents ne veulent pas lui en parler, allant même jusqu'à refuser les diagnostics des médecins successifs qu'ils consultent, souffre clairement d'une forme d'autisme, sûrement le syndrome d'Asperger. Cette mission de super héros dont il se sent investi va le pousser à prendre sur lui pour réaliser son destin, celui qu'il voit dans les aventures de ses héros favoris. Comment sauver le monde quand on vit reclus dans le sien? Comment sauver le monde même quand on est un super héros mais qu' on ne dispose pas d'un ami, d'un acolyte? Oh certes les missions de Tom sont limitées du moins dans un premier temps mais il faut bien commencer par quelque chose, sauver un chien par exemple ou essayer de sauver le couple des ses parents qui part à la dérive.

  Il est touchant ce petit Tom qui se débat contre ses habitudes, qui essaie de sortir de sa zone de confort pour accomplir la mission dont il se sent investi. Le lecteur voit le monde à travers ses yeux, il le lit à travers ses mots d'enfant de 10 ans et des poussières. Un monde en vase clos que ses parents ont créé pour lui pour le protéger, un univers quadrillé pour le rassurer, mais dans lequel ils s'enferment, dans lequel ils ont de plus en plus de mal à respirer.


  On admire Pauline, la maman courage, qui met sa vie entre parenthèse pour prendre soin de son fils, qui même si elle refuse les diagnostics des médecins, organise sa vie pour protéger son petit Tom si fragile.

  Paul Vacca nous livre un roman touchant, tout en sensibilité, un roman porté par la douce poésie de l'enfance, par son imaginaire, car même s'il est autiste, même s'il est différent, Tom a les mêmes désirs que ses petits camarades,les mêmes aspirations. Il ne les exprime pas de la même façon c'est tout. Un superbe roman que je vous recommande ardemment.

   "C'est devenu une manie.
     À la récréation, Palma  traverse le mur invisible de Tom, entre ses arbres-mondes, et s'installe à ses côtés. Elle lui parle. Sans attendre qu'elle lui réponde oui qu'il engage la conversation. Elle parle comme si elle se confiait à son journal intime. Sans ordre ni censure, se reprenant souvent, donnant l'impression parfois de raturer ce qu'elle vient de dire, pour le rectifier par petites touches, assurant seule les questions et les réponses, riant parfois à ce qu'elle dit  ou mimant la perplexité, les yeux vers le ciel et l'index sur sa bouche boudeuse.
    Que raconte-t-elle? Tom n'en a aucune idée. Il ne l'entend pas. Ce qu'elle dit glisse sur lui comme une goutte d'eau sur le duvet d'un canard. Il a réussi  à recréer un autre mur invisible autour de lui. Lui reste totalement mutique, sans prendre la peine d'opiner de la tête ou de faire semblant de l'écouter. Il attend que cela cesse. Reste qu'il ressent toujours ce même malaise, comme la première fois. Le sentiment d'être prisonnier de ses tentacules.
    Et de sa bulle de Malabar.
    Demain de toute façon il change d'endroit."

2 commentaires:

  1. Encore un livre que je rajoute à ma pile de livre à acheter. Un thème que j'aime beaucoup et de plus, si le livre est tout en sensibilité et touchant, je ne peux que le découvrir rapidement.

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  2. Ce livre a vraiment l'air superbe et émouvant. Je crois qu'il va rapidement rejoindre ma wishlist. Merci beaucoup de me l'avoir fait découvrir avec ton article :)

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