samedi 15 novembre 2014

Jim



Jim de Harold Cobert aux éditions Plon collection Miroir


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  Jim Morrison, le charismatique, et emblématique chanteur des Doors, est à Paris. Nous sommes en mars 1971. Il est venu rejoindre Pam, sa compagne de toujours, celle avec qui il entretient une relation houleuse, faite de séparations et de réconciliations. C'est un homme au bout du rouleau qui nous raconte son histoire. L'histoire d'un poète phagocyté par le Roi Lézard. Un homme qui veut être considéré, reconnu pour sa poésie, et qui s'est enfermé lui-même dans son personnage de rocker sulfureux. Il veut se débarrasser de son image de chanteur.


   "Heureusement, je suis gras et laid maintenant. Tu le vois bien, tout le monde le voit. J'aime cette laideur, elle me protège et me révèle en m'éclipsant, elle force les autres à regarder avec douceur à l'intérieur de moi et non plus à s'arrêter de manière abrupte au masque du chanteur gueulard et provocateur."


   Jim Morrison a vécu à l'âge de quatre ans une expérience qui l'a marqué à vie. Alors qu'il était en voiture avec ses parents ils ont assisté à l'accident d'un camion transportant des indiens et Jim a senti l'esprit de quelques uns de ces indiens intégrer son propre corps. Cette expérience va influencer la plume du jeune poète, l'orienter vers un mysticisme teinté de chamanisme. C'est pour atteindre cet état de conscience modifié que Jim va se mettre à boire de plus en plus et à essayer tout type de drogues. C'est dans cet esprit chamanique que va être crée le groupe des Doors, pour ouvrir les portes de la perception. Mais très vite Jim se sent étouffé par l'image qu'il donne de lui sur scène, il regrette les premiers moments du groupe, ce groupe qui devient de plus en plus tenté par le profit. Jim lui refuse cela et des tensions apparaissent dans le groupe.


   "Je peux comprendre que les autres aient cédé aux sirènes du cauchemardesque rêve américain. Rares sont ceux qui y résistent. La petite maison avec la pelouse bien tondue, la femme et les enfants bien propres sur eux, le frigo, la télé, les céréales, la cuisine équipée, le balcon, le four, les briques de lait, le garage, payer gentiment ses impôts, faire de la musique comme on va travailler à la poste, tout ça pour posséder des trucs qui finissent par te posséder, devenir ce que l'on a, avoir plutôt qu'être, accumuler et ériger ainsi son propre mausolée pour préparer son entrée dans la mort. Et mourir vivant, enseveli sou la chose formatée qu'on est devenu, formatée pour entrer dans la petite boîte finale et définitive. La fin, le vraie."


  Dans ce roman Harold Cobert endosse avec brio le costume de Jim Morrison. En mêlant habilement les citations du poète (répertoriées à la fin du livre) à ses propres mots, c''est Jim Morrison lui-même qui semble nous parler à  travers les mots de l'auteur. Un exercice de style passionnant particulièrement bien réussi. Harold Cobert a su ressusciter cette étoile filante, ce poète prisonnier de son image de rock star et de ses excès. Une réussite!

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