mercredi 4 juin 2014

Moi, Empereur du Sahara



Moi, Empereur du Sahara de Jean-Jacques Bedu aux éditons Albin Michel


   Jacque Lebaudy est l'héritier des Sucres Lebaudy. Son père était à la tête d'une énorme fortune réalisée en grande partie grâce à la spéculation, à "des coups de bourses. Alors qu'il était adolescent, son  père réussit l'exploit de mettre une banque en faillite ruinant par là même de nombreux investisseurs. Jacques gardera toute sa vie en souvenir ce jour où, ayant accompagné son père à la bourse, ils furent assaillis par toutes les personnes présentes, des courtiers aux boursicoteurs.

  "-Mon fils, n'oublie jamais ce que nous venons de vivre. C'est toi que je désigne pour me succéder à la tête de mon Empire. Sache désormais que le million est la seule unité à partir de laquelle je condescends à compter. Tu en feras de même. Hier j'en ai gagné cinquante, demain ce sera cent, après demain deux cents. Avec cet argent, nous sommes plus puissants que tous ces mufles et les politicards véreux qui se succèdent à la tête de notre pays en déliquescence. Le pouvoir voilà ce à quoi tu dois aspirer."

  Marqué par cette scène, le jeune Jacques passionné par le personnage de Napoléon, va vouloir prendre sa revanche, montrer de quoi il est capable. Un jour dans un cabaret, il rencontre un homme qui se fait passer pour l'héritier d'Antoine de Tounens qui avait fondé le royaume de Patagonie et s'en était auto proclamé  empereur. Cette rencontre flattant ces idées de grandeur il va étudier la possibilité de faire de même. Son choix va se porter sur le Sahara, une zone que ce disputent plus ou moins mais sans grande conviction plusieurs pays. Sa folie des grandeurs va être attisée par les encouragements de nombreux profiteurs et aigrefins voulant profiter de la manne que pouvait déverser sur eux une telle fortune.

   Moi, Empereur du Sahara nous met en présence avec un personnage grotesque, délirant, loufoque dans la lignée d'un Tartarin de Tarascon ou d'un Ubu roi. Un personnage mégalomane et mythomane tout à sa folie des grandeurs, vivant dans l'illusion. L'histoire débute fin XIXème siècle et se termine peu après la fin de la guerre 14-18, mais cette comédie est
 une critique des moeurs de notre temps. Une critique de cette puissance de l'argent, de cet appétit du pouvoir qui sont universels. Ce texte à même parfois des envolées très actuelles.

   "Moi, empereur du Sahara, j'affirme que chaque année sera, au sein de mon Empire, une année de prospérité pour les uns et de récession pour les autres.

     Moi, empereur du Sahara, j'affirme que le Sahara sera aux Sahariens, et je ne supporterai pas l'immigration sauvage des tribus du Sud ; avec moi les délinquants noirs passeront des nuits blanches, et les esclaves verront la vie en rose.
  ...
    Moi, empereur du Sahara,j'affirme que les très hauts revenus qui seront convaincus de malversations seront arrêtés et une fois jugés, promptement relâchés et blanchis."

Cette anaphore, Moi...   Moi...  ne vous rappelle rien.

   Jean-Jacques Bedu signe ici un roman jubilatoire, délirant, hilarant, un roman tiré d'une histoire vraie,  qui nous fait réfléchir sur ce qui fait tourner le monde, un constat au bout du compte pas si drôle que ça. Un livre à dévorer mais ne l'emmenez pas sur la plage cet été, vous pourriez passer pour un fou à vous esclaffer tout seul.

Date de parution prévue le 5 juin 2014

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